Chez Clotilde : 70 chemin de l'Enclume

Messages : 23 Date d'inscription : 09/11/2011

La gamine, toute contente d'avoir enfin un chez-elle rien qu'à elle, arriva toute essoufflée depuis le cadastre où June lui avait remis ses clefs. Elle s'arrêta sur le perron, face à cette porte qui faisait bien deux fois sa taille. Elle glissa sa clef dans la serrure, et s’arque-bouta de toutes ses forces pour faire tourner l'objet. Gniiiiiii... c'est qu'elle résistait ! Un instant décontenancée, elle mit un coup de pied dans la porte pour lui signifier son mécontentement, puis s'acharna à nouveau sur la clef. Dans un grincement de gonds rouillés, la porte s'ouvrit, non sans mal.

Clotilde, un peu impressionnée, entra dans la sombre pièce. Ça sentait un peu bizarre... Elle laissa la porte ouverte pour aérer un peu, puis chercha où se trouvait la cheminée. Mine de rien, il faisait frais dans cette maison. Elle enjamba quelques trucs qui traînaient là : des bouts de table brisée, des chiffons... il n'y avait pas grand chose pour vivre confortablement. Mais tout ça allait changer ! Dans un coin, un petit tabouret avec une couverture lui permirent de se reposer un peu au chaud.

June s'était donné le devoir de rendre visite aux jeunes à qui il avait confié une maison berruyère.
Il devait s'assurer qu'ils étaient bien installés.

Il allait justement voir Clotilde ; la jeune fille avait bien montré sa joie lors de la remise des clés, et il espérait que sa maison serait à la hauteur de ses espérances.

Il frappa à la porte, et appela la nouvelles berruyère par son prénom.

"Clotilde ? C'est June ! Tout va bien ?"

Il attendit qu'elle lui ouvre, tout en regardant la maison d'un air pensif. Cela lui rappelait ses débuts, à lui.

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On frappait à la porte. Déjà du monde ? Clotilde sortit de la somnolence dans laquelle elle était plongée, puis se précipita pour ouvrir la lourde porte, qui grinçait toujours autant.

Ah bonjour m'sire June ! Je suis bien contente d'avoir de la visite. Mais entrez donc ! Bon... ce n'est pas encore très bien tenu, mais j'ai bon espoir de transformer tout ça en une jolie maison où il fera bon vivre. Il va y avoir du boulot. Oh et... excusez-moi, mais je n'ai rien à vous offrir. À part si un bout de pain bientôt rassis vous suffit. Avec toutes les mines fermées, c'est dur de se faire quelques sous...

Et Clotilde lui fit visiter la grande pièce vide, en lui montrant le seul tabouret vaillant et la cheminée vide.

Vous voyez ! Il y a encore fort à faire. Mais je ne vais pas me plaindre. Maintenant, j'ai au moins un toit ! Et avec les froids qui arrivent, ça ne sera pas de trop...

Le blond sourit à la jeune fille qui lui ouvrit.

"Bonjour Clotilde ! Quelle belle petite maison tu as là."

Il entra à la demande de son interlocutrice, et regarda la pièce où il était. Unique pièce poussiéreuse et sombre ; les volets n'avaient pas encore été ouverts. La porte laissait filtrer un peu d'air frais. Cette maison devait enfin respirer après quelques années passées dans l'oubli.

"Avec un bon coup de balai, un courant d'air pour aérer et quelques meubles et décorations, cette maison sera parfaitement coquette ! Tu devrais faire ton stock de couvertures pour l'hiver, car il est souvent rude ici, à Bourges."

Il en avait sûrement chez lui pour lui en prêter ou donner. Il aimait donner des coups de mains.

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Petite maison ? Moi je la trouve très grande !

Elle lui sourit de toutes ses dents juvéniles. Puis elle eut une petite mine triste lorsqu'il lui parla des froids à venir.

Je sais bien... Mais pour l'instant j'ai... juste une couverture. Et je n'ai pas beaucoup de sous pour en acheter d'autres, ni même pour acheter du bois pour me chauffer. Déjà que j'ai du mal à trouver à manger... J'espère au moins que l'hiver ne sera pas trop humide, sinon la couverture va geler, et moi avec. Et ce n'est pas avec mes guenilles que je vais me protéger du froid.

Elle montra tristement à June ses haillons usés jusqu'à la trame.

Vous n'auriez pas quelques bouts de vieux tissus qui ne vous servent plus ? J'essaierai de les coudre, ça serait toujours mieux que rien.

June sourit à la jeune.

"En effet, c'est très bien pour une première maison."

Il eut pitié d'elle quand elle prit cette mine triste quand il lui annonça un rude hiver. Hélas, c'était le sort de tout le monde, il ne pouvait pas y faire grand-chose... A part peut-être...

"Écoute, je suis tisserand. j'ai plein de couvertures à t'apporter, je te les ferai apporter en temps voulu. Et viens me voir quand tu auras assez d'argent, je te fabriquerai des vêtements. J'habite au 4 de la Rue de la Tisse. Tu trouveras facilement mon atelier. Je ne vais tout de même pas te laisser avec ces guenilles !"

Il grommela intérieurement. Ah, les jeunes de nos jours, ils se fringuaient bien légèrement.

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Clotilde eut les yeux brillants à l'annonce de cette nouvelle. Elle le gratifia d'un de ces irrésistibles sourires dont elle avait le secret.

Merci m'sire June, vous êtes bien gentil ! Vous avez quoi comme vêtements pour une fille comme moi ? Rien de trop compliqué, hein, juste de quoi m'emmitoufler pour avoir bien chaud. Et pis pour les sous bin... je vais me débrouiller pour en trouver. Même avec les mines fermées...

Chuchotant :

Au pire je volerai un des vieux schnocks mal élevés qui se promènent la bourse à l'air. Y z'ont déjà une couche de gras qui les protège du froid... Et pis y z'ont tellement de sous qu'y verront pas la différence.

La jeune fille avait là un bien joli sourire. Elle ferait sûrement tomber les damoiseaux les moins tendres de Bourges !

"Eh bien, une chemise, des braies et des chausses, cela t'ira très bien. Tu as le temps pour trouver des sous."

Il lui sourit, et encore plus quand il entendit qu'elle avait l'option de voler certaines personnes. Sacré gamine.

"Tu peux essayer dans cette salle d'essayage ! Ainsi tu verras la couleur que tu voudras pour tes vêtements : http://www.dufric.com/RR/Styliste.html "

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Clotilde regarda avec de grands yeux ce que June lui présentait : une sorte de catalogue, où toutes sortes de vêtements pour sa taille et de couleurs différentes étaient exposés. Pendant plusieurs longues minutes, elle tourna les pages, émerveillée, admirant tout ce qui s'y trouvait.

Heu... j'suppose que j' peux pas prendre tout. Enfin... j'ai déjà ma petite idée pour ce que je choisirait au début. Des bottes rouges, une jupe et une chemise bleu clair !

Elle lui rendit l'objet tout sourire (pour ne pas changer).

Bon bin... j'viendrai vous voir quand j'aurai un peu de sous !

Le tisserand la regarda feuilleter le bouquin avec un sourire. Il avait été dans le même état d'esprit lors de l'achat de ses premiers vêtements.

"Tu choisiras ce que tu pourras acheter, bien sûr."

Il lui sourit.

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Elle ouvrit des yeux tous ronds à ces paroles :

Il ne manquerait plus que je choisisse ce que je ne peux pas acheter ! Je sais que c'est bientôt la Noël, mais quand même... Et je ne veux être redevable de rien à personne. Ma tante m'a dit que c'est comme ça qu'on se faisait avoir, après : faut pas avoir de dettes sinon on ne s'en sort pas !

Et la petiote de replonger son nez dans le catalogue.

Le blond sourit, amusé par les paroles, pourtant bien vraies, de la jeune berruyère.

"En effet, il vaut mieux prévoir sa bourse avant de choisir... Oh, l'heure passe, et je dois te laisser. Tu as du travail encore, pour remettre cette maison en état. Je t'ai déposé sur le pas de porte des couvertures pour l'hiver, en attendant mieux ; il m'en restait quelques-unes dont je ne me servais pas."

Il lui sourit et regarda dans la rue.

"Allez, je file. Bon courage et bonne journée !"

Il la salua et marcha en direction du centre de la bourgade, plein d'idées en tête.

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Merci pour tout m'sire June ! Rev'nez quand vous voulez.

Elle le regarda partir avec un sourire, toute contente d'avoir eu de la visite. Puis elle ramassa les couvertures et retourna dans la pièce s'aménager un petit coin bien douillet en attendant que le reste de la maisonnette soit vivable par temps froids.

Elle installa la paillasse à distance raisonnable de la cheminée. Pas trop près pour ne pas que ça prenne feu, mais suffisemment pour que l'âtre puisse la chauffer une fois allongée. Elle mit une couverture directement sur la paille, et deux autres lui serviraient à se couvrir. C'est sûr, elle n'aurait pas froid la nuit.

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Clotilde avait terminé de nettoyer la pièce. Ca n'avait pas été sans mal, elle avait dû tout récurer de fond en comble avec ce qu'elle avait pu trouver. Ce n'était pas encore clinquant, mais au moins il ne restait plus de débris sur le sol, et c'était propre. Elle réaménagea le coin près de la cheminée avec les quelques meubles en bon état, ou qu'elle avait réussi à récupérer. En plus du tabouret initial, elle avait retrouvé une petite table, qu'elle installa en face du feu. De l'autre côté de la cheminée, elle avait placé la paillasse qu'elle avait rembourée avec de la paille glanée dans la campagne, et dessus les couvertures que lui avait si gentiment données June.

Elle recula dans la pièce pour voir le résultat. Ce n'était pas encore ça, mais au moins c'était maintenant vivable. Toute contente, les yeux pétillants, elle sortit voir à la mairie s'il n'y avait pas une embauche à prendre. C'était si dur de gagner sa vie quand toutes les mines étaient fermées... Mais Clotilde gardait espoir de s'en sortir. Et puis maintenant elle connaissait un peu de monde ici, et s'attachait à l'endroit.

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